À l’heure où les débats s’intensifient à l’Assemblée nationale, le projet de financement de la Sécurité sociale pour 2025 suscite de vives discussions. Ce projet, à la fois complexe et contesté, prend en compte un contexte financier déjà fragilisé et met en lumière des choix budgétaires qui pourraient transformer durablement le système de santé et de protection sociale. Entre réformes ambitieuses et coupes budgétaires, les enjeux sont nombreux.
L’origine des lois de financement de la Sécurité sociale
Les lois de financement de la Sécurité sociale ont été instaurées en 1995 dans le cadre du plan Juppé. Ces lois ont pour objectif d’encadrer les recettes et les dépenses de la Sécurité sociale afin de limiter le déficit. Cependant, les critiques pointent un effet inverse : en réduisant les ressources disponibles, ces lois auraient progressivement dégradé les finances de la Sécurité sociale, obligeant les assurés à se tourner vers les complémentaires santé pour compenser. Le déficit a continué de se creuser, accentuant le rôle des assurances privées dans le système de santé français.
Le déficit croissant de la Sécurité sociale
Pour l’année 2024, le déficit de la Sécurité sociale est estimé à 10,5 milliards d’euros, avec des projections qui pourraient atteindre 18 milliards. Cette situation s’explique par une augmentation continue des besoins sociaux et de soins, alors que les recettes peinent à suivre. La priorité du gouvernement pour 2025 semble être la réduction du déficit, mais cela pourrait se faire au détriment des besoins en santé. Les ajustements budgétaires, comme la progression de l’Objectif national des dépenses d’assurance maladie (ONDAM) de 2,8 % pour 2025, restent modestes face à l’inflation et aux besoins croissants de la population.
Réductions des remboursements et hausse des coûts pour les assurés
La réforme envisagée propose également une réduction des remboursements de la Sécurité sociale, augmentant ainsi les restes à charge pour les patients. Parmi les mesures, le ticket modérateur, qui représente la part non remboursée par la Sécurité sociale, pourrait passer de 30 % à 40 % pour certaines consultations. Ce transfert des coûts vers les patients obligerait davantage de Français à souscrire à des complémentaires santé, dont les cotisations sont en hausse. Cette orientation pourrait accroître les inégalités d’accès aux soins, en particulier pour les personnes aux revenus modestes.
Les autres réformes contestées du gouvernement Barnier
Outre les réductions de remboursements, le gouvernement envisage plusieurs mesures impactant la couverture sociale. Parmi elles figurent
- L’augmentation des jours de carence pour les fonctionnaires.
- La création d’un jour de carence universel pour les salariés du privé.
- La réduction de la durée d’indemnisation chômage pour les seniors.
De plus, des projets de fusion des minima sociaux et de création d’une assurance privée pour la perte d’autonomie sont également à l’étude. Ces mesures suscitent l’inquiétude des syndicats, comme la FSU, qui appellent à une réévaluation des choix budgétaires et à la fin des exonérations de cotisations sociales pour réabonder les ressources de la Sécurité sociale.