Le marché de l’emploi en France connaît actuellement des évolutions notables, suscitant de nombreuses interrogations chez les actifs comme chez les observateurs.
Entre nouvelles mesures administratives, ajustements réglementaires et chiffres récemment publiés, la situation des demandeurs d’emploi attire l’attention. Les tendances récentes, les décisions politiques et les changements dans les modalités d’inscription bouleversent les repères habituels.
Comprendre les dynamiques à l’œuvre devient essentiel pour anticiper les prochains mois et saisir les enjeux qui se dessinent pour l’ensemble des acteurs du marché du travail.
Hausse du chômage à la rentrée 2025 : chiffres et évolution
Au troisième trimestre 2025, la France enregistre une progression notable du chômage, avec une augmentation de 1,6 % du nombre de demandeurs d’emploi inscrits en catégorie A, selon les dernières données de la Dares.
Ce sont désormais 3,26 millions de personnes qui recherchent activement un emploi sans en occuper, tandis que le total des inscrits en catégories A, B et C atteint près de 5,7 millions.
Depuis les nouvelles règles, j’ai dû refaire mon dossier et prouver plusieurs fois mes démarches. Cela donne parfois l’impression que les chiffres augmentent, alors que beaucoup d’entre nous sont simplement en attente de validation.
Sophie, 42 ans, ancienne responsable RH
Cette évolution s’inscrit dans un contexte économique incertain, marqué par l’application d’un nouveau décret sur les sanctions depuis juin 2025, qui a modifié les modalités de radiation et impacté la dynamique des inscriptions à France Travail par rapport aux trimestres précédents.
Contexte économique et débats budgétaires à l’Assemblée nationale
La hausse du chômage intervient alors que l’Assemblée nationale débat intensément du budget 2026, dans un climat d’incertitude économique persistant. Les prévisions de croissance révisées à la baisse et la prudence des entreprises face à l’avenir freinent les embauches, accentuant la fragilité du marché du travail.
Par ailleurs, l’automatisation de l’inscription des bénéficiaires du RSA et la récente réforme des sanctions complexifient l’interprétation des chiffres.
Selon la Dares, sans ces ajustements réglementaires, la tendance réelle du chômage serait moins marquée, soulignant l’importance de distinguer l’effet conjoncturel des mesures administratives sur l’évolution de l’emploi en France.
Ce que change la “suspension-remobilisation”
La nouvelle mesure introduit une étape intermédiaire avant la radiation :
- Objectif : éviter les radiations automatiques.
- Principe : un demandeur d’emploi non actif est d’abord suspendu et accompagné avant d’être radié.
- Effet immédiat : davantage de personnes restent comptabilisées dans les statistiques, sans qu’il y ait une hausse réelle du chômage.
Un nouveau décret sur les sanctions et ses effets sur les chiffres du chômage
Entré en vigueur en juin 2025, le nouveau décret instaure la « suspension-remobilisation » pour les demandeurs d’emploi ne justifiant pas d’une recherche active, avant toute radiation définitive des listes de France Travail.
Cette mesure vise à offrir une étape supplémentaire d’accompagnement, réduisant ainsi le nombre de radiations immédiates. Selon la Dares, cette évolution a mécaniquement gonflé le nombre d’inscrits, faussant la lecture habituelle des statistiques du chômage.
En l’absence de ce décret, la baisse des inscrits aurait été de 0,3 % pour les catégories A, B, C et de 1 % pour la seule catégorie A, traduisant une réalité du marché du travail moins alarmante qu’il n’y paraît.
| Catégorie | Situation du demandeur d’emploi |
|---|---|
| A | Sans emploi, recherche active, aucune activité |
| B | Activité réduite de moins de 78 heures par mois |
| C | Activité réduite de plus de 78 heures par mois |
Inscription automatique des bénéficiaires du RSA : un impact à relativiser
L’inscription automatique des bénéficiaires du RSA à France Travail, effective depuis début 2025, contribue également à l’augmentation apparente du nombre de chômeurs. La Dares souligne que cette évolution administrative gonfle artificiellement les statistiques, sans refléter une dégradation réelle de l’emploi.
Pour offrir une vision plus fidèle du marché du travail, la Dares publie désormais des chiffres corrigés, tenant compte de ces effets réglementaires. Ces données ajustées sont jugées plus représentatives, car elles isolent l’impact des mesures administratives et permettent d’évaluer la conjoncture économique réelle, indépendamment des fluctuations liées aux changements de procédure d’inscription ou de sanctions.


