Le débat sur la gestion des finances publiques françaises s’intensifie à l’approche de l’élaboration du budget 2025. Entre recherche d’économies, propositions de réformes et volonté de préserver la crédibilité du pays, les choix budgétaires à venir suscitent de vives discussions au sein de l’Assemblée nationale.
Les arbitrages à opérer, notamment sur la fiscalité, la dépense publique et la maîtrise de la dette, s’annoncent décisifs pour l’avenir économique de la France.
Face à l’urgence, la question d’un compromis politique et des outils constitutionnels mobilisables occupe désormais le devant de la scène.
Les marges de manœuvre budgétaires : priorité à la réduction des dépenses
Pour Philippe Juvin, rapporteur général du budget à l’Assemblée nationale, la France doit impérativement privilégier la réduction des dépenses publiques plutôt que d’augmenter la pression fiscale. Selon le député LR, l’Hexagone figure déjà parmi les pays les plus imposés au monde, ce qui limite la compétitivité et pèse sur le pouvoir d’achat.
Juvin s’appuie sur l’exemple du Canada, qui a redressé ses finances dans les années 1990 grâce à une revue générale des dépenses, pour plaider en faveur d’une politique d’économies ambitieuse.
Des mesures d’économies ciblées : AME, fonction publique et Éducation nationale
Parmi les leviers d’économies avancés, Philippe Juvin préconise une révision en profondeur de l’aide médicale d’État (AME), estimant que son coût croissant nécessite un encadrement plus strict. Il propose également de réduire les effectifs de la fonction publique, jugeant l’administration trop lourde au regard des finances publiques.
Concernant l’Éducation nationale, le député LR suggère la suppression de 50 000 postes d’ici 2032, s’appuyant sur la baisse de la natalité pour justifier cette mesure. Selon lui, ces ajustements sont indispensables pour contenir la dette et respecter l’objectif d’un déficit public inférieur à 3 % du PIB d’ici 2029, condition essentielle à la crédibilité financière de la France.
Les principales pistes d’économies envisagées par Philippe Juvin
- Révision approfondie de l’Aide Médicale d’État (AME) pour encadrer son coût croissant.
- Réduction des effectifs de la fonction publique pour alléger les charges de l’État.
- Suppression de postes dans l’Éducation nationale liée à la baisse de la natalité.
Maîtrise de la dette et respect des objectifs de déficit
Philippe Juvin alerte sur la nécessité d’une discipline budgétaire accrue, jugeant la France trop permissive face à l’envolée de la dette publique. Pour le rapporteur général du budget, le respect du seuil de 3 % de déficit public d’ici 2029 n’est pas négociable, sous peine de fragiliser la crédibilité du pays auprès des marchés et de ses partenaires européens.
Il rappelle qu’un écart de seulement 0,1 point de PIB représente 3 milliards d’euros, soulignant l’importance de chaque mesure d’économie. Juvin met en garde contre tout relâchement, estimant que la rigueur budgétaire est indispensable pour préserver la souveraineté financière de la France et éviter une perte de confiance internationale.
Réformes structurelles et outils constitutionnels : retraites et article 49-3
Philippe Juvin se montre fermement opposé à l’abandon de la réforme des retraites, qu’il considère comme un pilier essentiel pour la crédibilité de la France sur la scène européenne et auprès des marchés financiers. Selon lui, revenir sur cette réforme enverrait un signal négatif, remettant en cause la capacité du pays à mener des transformations structurelles.
Julien, 42 ans, économiste
Par ailleurs, le député LR défend l’utilisation de l’article 49-3, estimant qu’il s’agit d’un levier constitutionnel indispensable pour garantir l’adoption des budgets dans un contexte politique fragmenté. Pour Juvin, se priver de cet outil reviendrait à fragiliser la stabilité budgétaire et à compliquer la mise en œuvre des réformes nécessaires.


