Le plein emploi est souvent présenté comme un idéal économique, un objectif en passe d’être atteint par la France avec un taux de chômage global de 6,9 % et une situation particulièrement favorable pour certaines catégories professionnelles, comme les cadres.
Cependant, derrière ces chiffres optimistes se cache une autre réalité, plus complexe et inquiétante. Des millions de travailleurs sont confrontés à une précarité grandissante.
Ce phénomène soulève des questions sur la durabilité de l’emploi et sur les politiques publiques qui pourraient manquer de traiter les problématiques sous-jacentes de la qualité de l’emploi.
Les chiffres du plein emploi : Une illusion dangereuse ?
Depuis 2017, le Gouvernement français s’est fixé un objectif clair : atteindre le plein emploi d’ici 2027. Des réformes successives, comme celle de l’assurance chômage et du marché du travail, ont été mises en place pour encourager le retour à l’emploi.
Les résultats sont là, avec des taux de chômage historiquement bas, notamment chez les cadres et les seniors. Cependant, ces chiffres masquent une réalité bien plus sombre. De nombreux emplois créés sont précaires : contrats à durée déterminée, intérim, ou encore travail à temps partiel subi.
Selon l’association Solidarités nouvelles face au chômage (SNC), cette situation contribue à une précarité croissante au sein du marché du travail, et notamment pour les populations les plus vulnérables.
Seniors et auto-entrepreneurs : des populations à risque
Parmi les groupes les plus touchés par cette précarité se trouvent les seniors et les auto-entrepreneurs. Les premiers, souvent confrontés à un chômage de longue durée, sont particulièrement vulnérables avec le relèvement de l’âge de départ à la retraite.
Ce prolongement de la carrière professionnelle sans garantie de stabilité les expose à des emplois précaires, voire à un maintien prolongé dans le chômage.
Pour y remédier, l’association SNC propose des solutions comme l’aménagement des fins de carrière, la facilitation des reconversions professionnelles, et l’accès anticipé à la retraite pour les emplois pénibles.
Quant aux auto-entrepreneurs, bien que leur statut puisse sembler attractif, ils sont souvent placés dans une situation de précarité économique.
En réponse, l’association appelle à une transposition rapide de la directive européenne sur les travailleurs des plateformes afin de garantir des droits minimaux et de sécuriser leurs conditions de travail.
Vers une révision des indicateurs de plein emploi
Un autre enjeu soulevé par la SNC concerne la manière dont le plein emploi est mesuré. Les statistiques actuelles incluent des travailleurs qui ne bénéficient pas de conditions de travail décentes.
Les auto-entrepreneurs générant moins qu’un SMIC mensuel, les salariés en CDD de moins de six mois, ou encore ceux qui subissent le temps partiel, sont autant de travailleurs qui contribuent aux bons chiffres de l’emploi sans pour autant sortir de la précarité.
Face à cette situation, la SNC propose de revoir les indicateurs de l’emploi en excluant ces formes de travail précaires des statistiques officielles. Ainsi, la politique du plein emploi pourrait s’adapter pour viser non seulement l’augmentation du nombre d’emplois, mais aussi l’amélioration de leur qualité.
